Description
LES FONDEMENTS D’UN SOCIALISME LIBÉRAL
Alors que le monde et la société se transforment, seule la rénovation de nos idées et de nos outils nous permettra de rester fidèles à nos valeurs. Pour mettre en œuvre notre volonté de progrès et de transformation sociale, nous ne pouvons plus nous appuyer sur des principes et des moyens conçus dans un environnement qui a disparu, mais représentant encore le fond idéologique de nos projets et de nos politiques : C’est la prise en charge uniforme par l’État providence, quand s’affirme la nécessité d’adaptation aux situations particulières et aux aspirations de plus en plus diversifiées des citoyens. C’est le recours à des systèmes sociaux nés dans une période de forte croissance – démographique, de production, de revenus – et qui, aujourd’hui confrontés à la baisse des recettes et à l’accroissement des dépenses, sont désarmés face à l’aggravation de la précarité et de l’exclusion. C’est une philosophie de l’assistance qui se justifiait quand il fallait élever rapidement le niveau de vie de populations relativement homogènes mais qui est aujourd’hui un obstacle au développement de l’esprit d’initiative et freine le dynamisme dont nos sociétés ont besoin. C’est la protection des statuts, des droits acquis, parfois la défense des corporatismes qui représentent autant d’obstacles à la mobilité sociale et aux possibilités de réforme. C’est une méfiance vis à vis des entreprises et du marché qui se traduit par une limitation des conditions de la compétitivité et de la croissance. C’est la focalisation sur la redistribution des richesses, en voulant ignorer les moyens de produire ces richesses. C’est aussi le choix de l’augmentation des dépenses publiques et de l’interventionnisme d’un État, qui devrait se concentrer sur ses missions essentielles, alléger son fonctionnement pour dégager des marges de manœuvre notamment sociales. C’est une suspicion vis-à-vis de la société civile qui entrave tout dynamisme social et contraint la démocratie.
Sur le plan international, c’était enfin, au-delà d’un internationalisme militant, l’absence de l’Europe dans le rapport de force mondial, alors qu’il lui appartient aujourd’hui de s’affirmer sur la scène internationale, d’être active dans le monde. Ces principes et ces moyens, ont eu leur légitimité et leur force, mais ils ne sont plus aujourd’hui opérants, marqués principalement par une absence de confiance dans la dynamique de la société, et n’arrivant pas à se défaire du dogme de la toute puissance de l’État, à l’opposé des réalités du monde contemporain, des nécessités d’une démocratie élargie et des aspirations des populations. Ne faisons plus du libéralisme, avec son exigence de régulation, son besoin de justice, et sa recherche d’une concurrence loyale et égale, l’objet de nos craintes et le bouc émissaire de nos échecs. Ne le confondons pas avec l’ultra libéralisme synonyme d’absence de règles et de loi du plus fort. Oui, l’alliance du socialisme et du libéralisme est possible, nécessaire même à l’incarnation de nos valeurs. Car, ce sont la liberté de la personne, la responsabilité partagée, l’engagement individuel et collectif, qui ouvrent la voie au progrès et à de nouvelles formes de justice sociale. L’initiative est facteur de dynamisme, la concurrence régulée favorise l’innovation, et, en s’opposant aux situations acquises ou héritées comme aux privilèges, est la condition de la justice, de la mobilité sociale et de l’égalité. Pour incarner son ambition de progrès social et d’émancipation partagée, la gauche doit être en prise avec les mutations du monde contemporain. Nous sommes d’abord socialistes, parce que nous plaçons la solidarité et la justice sociale au rang des priorités de l’action politique ; nous sommes des socialistes libéraux parce que nous pensons que le projet socialiste n’a de sens et de chances de réussir que dans une société de libertés, de responsabilité, d’émancipation sociale et d’ouverture au monde. Trouvant sa force et son dynamisme dans l’autonomie et la responsabilité des acteurs, éclairé par les exigences de la solidarité, attentif à l’égalité des chances, notre projet vise, dans le cadre d’une démocratie élargie, l’efficacité économique, la justice sociale et un développement véritablement durable. Une telle ambition, pour la France des années à venir, n’a de sens que si elle est au cœur d’un projet pour l’Europe.